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Ma mauvaise humeur
9 février 2015

Charlie je t'aime - moi non plus

Ca fait un peu plus d'un mois, et le massacre de Charlie Hebdo continue à me bouleverser. Le 07 janvier 2015, 2 bâtards ont fait irruption dans le bureau exigu d’une salle de rédaction, et ont tué quelques uns des dessinateurs satiriques les plus célèbres de France, plus quelques anonymes qui avaient eu le malheur de se trouver par là.

Ici. En France. Pas dans un pays lointain d’Afrique ou du Moyen-Orient.

Je n’arrête pas de lire tout ce qui parle de cette tragédie, et aujourd’hui j’ai dépensé 5,50 € pour acheter une feuille de chou imbuvable, juste parce qu’elle était dirigée par Siné. J’aurais mieux fait d’aller tout simplement (tout connement) sur internet.

Je me souviens de l’époque où je lisais Charlie, à la fin des années 90, à l’époque de Val, Cavanna, Renaud (oui, le chanteur) et donc Siné. Ils étaient pourtant tous, Siné compris, tout ce que je vomissais, une clique de râleurs anarcho-communistes, anti-flics, anti-militaires, anti-France. Mais en dehors de ça (ce qui ne laissait plus grand-chose), il y avait dans leur humour méchant quelque chose qui me plaisait. Je cherche encore pourquoi.

J’ai acheté (et donc gaspillé mon fric dans) Siné mensuel, car j’ai eu envie de savoir ce que pensait Siné du merdier du 7 janvier 2015. Lui le vieux gâteux qui nous parle de son pied dans la tombe depuis bientôt deux décennies, se retrouve à enterrer ses vieux copains bien plus fringants que lui. Quelle triste ironie.

J’ai vu il y a peu le témoignage de Lutz, qui m’a aussi bouleversé. Il répondait avec des trémolos dans la voix à une interview d’une télé anglophone, et son traumatisme faisait peine à voir. Ils ont été nombreux à Charlie à témoigner à la télé, avec une sorte de frénésie désespérée, sans doute pour exorciser. Sans doute trop vite, sans doute trop fort.

Je n’ai pu m’empêcher de sentir poindre un autre désespoir en eux. La bande à Charlie est foncièrement de gauche, profondément dans le camp du bien, des gentils qui le clament haut et fort. Ils ont la haine de la droite et surtout de l’extrême droite, la haine de Sarkozy et de Guéant qui pourtant les ont toujours soutenu quand ils ont eu leurs premiers ennuis avec ces organisations musulmanes chatouilleuses. Un soutien qui les a tant désarçonné qu’ils ne savaient qu’en faire. Mais pour eux l’ennemi c’était le FN, l’extrême-drouate qui allait ramener les heures les plus sombres de notre histoire.

Ils aimaient tous les opprimés,  tous les pauvres (dont ils étaient persuadés de faire partie), tous les stigmatisés. Bref, toutes les minorités, sexuelles ou religieuses. Ils défendaient ardemment les musulmans, qu’ils aimaient et qu’ils aiment toujours.

Pour eux, comme pour les Français d’ailleurs, dessiner le prophète c’était juste lui tirer la langue, tout comme ils l’ont fait les nombreuses fois où ils ont fâché les militaires, les flics, les prêtres, les rabbins. Ni eux, ni nous, n’imaginions qu’en réponse ils se prendraient des balles. Des vraies.

C’est là que réside leur autre désespoir. Ils ont été frappés mortellement par des gens qu’ils auraient été les premiers à défendre en dehors de cette sale histoire de religion.

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